Figure universelle, comique et tragique, perdu dans son monde et égaré dans celui de ses contemporains, ridicule et grandiose, admirable et pitoyable, Don Quichotte ne connaît ni la fourberie, ni le renoncement, ni la trahison. La perte de son idéal, la compromission : voilà la mort de Don Quichotte. Dès le xvIIe siècle, le personnage a inspiré bien des avatars, non seulement littéraires mais aussi musicaux ou chorégraphiques. Leurs auteurs n’avaient qu’à puiser dans l’abondance des épisodes du roman de Cervantès, véritable répertoire d’aventures et d’anecdotes, pourvoyeur de sujets pour artistes en mal d’inspiration. Au xIxe siècle, c’est l’Espagne tout entière qui devient source de créations artistiques, jusqu’aux limites du cliché. Âpre, noble ou pittoresque, elle offre le meilleur d’elle-même sous la plume de Mérimée, la baguette de Bizet ou le pinceau d’Edouard Manet. Avec Marius Petipa, elle donne lieu à la création de plusieurs ballets, dont le fameux Don Quichotte. À Moscou, puis à Saint-Pétersbourg, c’est le même succès triomphal, au gré des adaptations du ballet par Petipa lui-même ou par Alexandre Gorski. L’épisode du roman retenu par le chorégraphe, avec les noces de Kitri et de Basile, privilégie le versant le plus heureux de l’histoire. Les couleurs chatoyantes et les danses de caractère, avec tourbillons de gitans et de belles andalouses, font le reste auprès du public, conquis par une chorégraphie nouvelle autant que par l’exotisme ibérique. Au siècle suivant, un jeune danseur nommé Rudolf Noureev triomphe à son tour dans ce ballet qui fait la renommée de l’École russe. Il apportera avec lui en France la mémoire de cette œuvre pour en raviver le souvenir. Dès 1966, Noureev monte sa version de Don Quichotte pour le Ballet de l’Opéra de vienne, avant de la régler pour son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en 19811. Depuis, le Chevalier à la Triste Figure n’a plus vraiment quitté la scène de l’Opéra. Présenté depuis 2002 dans de nouveaux décors et costumes inspirés des tableaux de Goya, il emporte à chacun de ses passages le même triomphe, sans cesse renouvelé.
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A comic yet tragic universal figure lost in his own world and out of place in the world of his contemporaries, ridiculous yet imposing, admirable yet pitiful, Don Quixote knows neither deceitfulness, abnegation, nor betrayal. The loss of his ideals and the surrender of principles: this was the death of Don Quixote. From the 17th century onwards, the character has inspired numerous avatars, not just literary ones, but in the fields of music and dance too. Their authors only had to draw from the abundance of episodes in the Cervantes novel—a veritable catalogue of adventures and anecdotes—which never fails to provide subject matter for artists short on inspiration. During the 19th century, all of Spain became a source of artistic creativity, almost to the point of cliché. Harsh, noble or picturesque, the work offers the best of itself through Mérimée’s pen, Bizet’s baton or Edouard Manet’s brush. With Marius Petipa, it gave rise to several ballets, including the famous Don Quixote. In Moscow and then Saint Petersburg, it was the same resounding success in successive adaptations by Petipa himself or by Alexander Gorski. The episode from the novel retained by the choreographer, the wedding of Kitri and Basil, paints the happiest aspect of the story. The shimmering colours and the character dances, together with the whirlwind of gypsies and beautiful Andalusian girls, were a huge success with audiences, won over as much by the new choreographic style as by the Iberian exoticism. In the following century, a young dancer by the name of Rudolf Nureyev would himself triumph in the very ballet that made the the Russian School famous. His memories of the work would accompany him to France where he revived it. In 1966, Nureyev staged his version of Don Quixote for the vienna Opera Ballet, before revising it for its entry into the repertoire of the Paris Opera in 1981. Since then, the Knight of the sad face has never really left the stage of the Opera. Presented since 2002 with new sets and costumes inspired by the paintings of Goya, each of its appearances enjoys the same endlessly renewed triumph.
Les Etoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Direction musicale : Kevin Rhodes
Une coproduction Opéra de Paris Production, ARTE France et François Roussillon et Associés
Avec le soutien de la Fondation Orange, mécène des retransmissions audiovisuelles de l'Opéra national de Paris
Avec le concours du centre national du cinéma et de l’image animée
© 2012 – OPERA DE PARIS PRODUCTION – ARTE France – FRANCOIS ROUSSILLON ET ASSOCIES
Visuel © Julien Benhamou / OnP