Opéra de chambre en deux actes (1946)
En composant en 1946 Le Viol de Lucrèce, d’après une pièce d’André Obey, Britten et son librettiste, pacifistes convaincus et engagés depuis bien avant la guerre, s’adressent à une société européenne meurtrie par la guerre et la haine. En renonçant à la grande machine opératique, ils abordent pour la première fois la forme plus intimiste de l’opéra de chambre. Britten écrit en effet pour un petit effectif de musiciens et de chanteurs‑acteurs expressifs dans un langage musical et théâtral où la force de la narration prime sur l’illusion scénique. Britten reprend à son compte le mythe de l’épouse vertueuse et suicidaire en écrivant une partition d’une puissance d’évocation exceptionnelle qui interroge le désir et son vertige d’angoisses sous toutes ses formes : l’amour réciproque, les envies coupables et la frustration. Britten invite à réfléchir sur la violence des rapports humains, sur la sexualité et ses zones d’ombre. Par la force de l’incarnation de son héroïne‑victime, Britten nous place devant le tragique de la condition humaine.
Une production Académie de l’Opéra national de Paris
Coréalisation : C.I.C.T. - Théâtre des Bouffes du Nord
Avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller et de la Fondation Orange, Mécène des retransmissions audiovisuelles de l’Opéra national de Paris.
Production exécutive : Idéale Audience
© Opéra national de Paris - 2021
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Benjamin Britten composed The Rape of Lucretia in 1946 after a radio-drama by André Obey. Britten and his librettist, two convinced pacifists involved way before WWII, address a European society bruised by war and hate. Running from the grand operatic machine, their inspiration drove them to a more intimate construction, the chamber opera. Britten wrote indeed for a small number of musicians and singers-actors in a musical and dramatic language where the narration exceeds the illusion on stage.
Britten chose the myth of the dedicated and suicidal wife and wrote a piece that interrogates desire in its relation with anxiety: mutual love, gulty will and frustration. Britten makes us think about the violence in human relations, about sexuality and its dark zones. With Lucretia as heroin and victim, Britten makes us face the tragic human condition.
Visuel © Studio J’adore ce que vous faites ! / OnP